Prendre Position

Notre projet de résidence veut engager une réflexion avec les élèves autour des postures du corps afin d’élaborer avec eux des sculptures dont ils sont les sujets grâce aux outils numériques contemporains qui font appel à la photographie et à l’impression 3D. Il s’agit de former leur regard par une initiation à l’histoire de la sculpture classique mais aussi par une attention aux poses contemporaines afin qu’ils puissent, en véritables acteurs du projet, par petits groupes, élaborer des poses sculpturales et jouer, rejouer, déjouer à la fois les conventions venues de l’art et celles qu’ils ont déjà incorporées et qui forment les attitudes du monde contemporain. Le groupe d’élèves qui pose est ensuite photographié sous tous les angles afin de construire, grâce à des algorithmes informatiques, une sculpture virtuelle en 3D. Enfin, les sculptures sont réalisées en stéréolithographie (impression 3D). Le projet s’inscrit dans notre approche de la sculpture initiée avec Bataille d’enfants (https://www.raphaelfaon.com/bataille-denfants), projet finaliste du prix MAIF pour la sculpture 2016 qui interroge la mémoire historique de l’espace public à partir d’une sculpture disparue mettant en scène des enfants ; vu comme un prolongement des questions esthétiques que nous nous sommes posées, ce projet de résidence cherche à interroger avec les élèves la manière dont se construisent les représentations des gestes et des mouvements, des postures nécessaires pour que la présentation des corps fasse sculpture. Cette présentation est également l’occasion, au-delà de l’histoire de l’art, de faire découvrir aux élèves les pratiques artistiques numériques contemporaines en leur expliquant synthétiquement quels sont ceux que nous utilisons dans notre pratique, principalement la modélisation et l’impression 3D et par rapport à ce projet, en faisant un point sur la photosculpture (procédé de la fin du XIXe siècle ou les photographies sous tous les angles d’un sujet permettent ensuite par l’intermédiaire d’une machine de façonner les contours du sujet photographié) et la manière semblable dont l’ordinateur peut employer des algorithmes pour créer un objet virtuel. Après cette introduction qui aura permis de faire connaissance avec les élèves et de leur présenter les enjeux du projet, nous inviterons les élèves à constituer des petits groupes de travail qui auront chacun à trouver les poses nécessaires pour former une sculpture, en s’inspirant d’images ; dans une perspective proche du mime au théâtre, nous les aiderons en les mettant sur les pistes suivantes : est-ce que la sculpture raconte une histoire ? Comment faire narration ou transmettre un sentiment ou revendiquer une idée par la seule présence de son corps ? S’agit-il d’un pastiche d’une œuvre classique qui les a marqués ? Au contraire, s’agit-il d’une parodie, si l’on y insère des éléments, des mouvements contemporains ? Ainsi, dans ce projet les élèves sont loin de n’être que des modèles : présents aux différents stades de son élaboration, ce sont eux qui donnent forme, qui performent, qui activent le dispositif de création que nous mettons en place : nous sommes là pour les aider à « prendre position ».